L’expression « peuples autochtones » a permis de remplacer de nombreux termes hérités de l’ère coloniale comme primitifs, indigènes, etc. Ces appellations ont en effet des connotations péjoratives et discriminatoires. Toutefois, ce nouveau nom n’est pas encore reconnu par les autorités mondiales. Ainsi, il ne dispose pas d’une définition officielle pour l’instant sur le plan international. 

Quels sont les peuples autochtones ?

Quels sont les peuples autochtones ?
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La notion de peuples autochtones se définit avant tout par rapport à un territoire donné. En effet, le grec « autokhthôn » signifie « venant du sol même ». Le terme peut aussi se traduire par « issu de sa propre terre ». Le lien avec le sol est donc essentiel pour appréhender ce concept. 

Jusqu’à présent, l’ONU n’a validé aucun texte précisant la définition de cette appellation utilisée couramment dans le monde. De nombreuses organisations se sont néanmoins accordées sur les critères permettant d’identifier ces populations. Le principe d‘autochtonie repose notamment sur quatre points, à savoir :

  • Une continuité historique avec les habitants du territoire considéré, bien avant sa colonisation ;
  • Une différence culturelle avec le groupe dominant dans son propre pays ;
  • Une existence en marge de l’ensemble de la société ;
  • Un sentiment d’appartenance au groupe autochtone qui reconnaît l’individu comme un de ses membres (auto-identification et acceptation).

Les Mayas et les Apaches font notamment partie des groupements autochtones les plus connus du grand public. D’ailleurs, cette appellation s’applique à la plupart des descendants des premiers occupants du continent américain, du nord au sud. Cette catégorie inclut aussi des peuples d’Océanie comme les Papous, les Maoris, les Maohis, les Aborigènes d’Australie… 

En somme, les groupes autochtones sont nombreux et diversifiés dans le monde. Ils sont par ailleurs visibles sur tous les continents. Toutefois, il est souvent compliqué de les recenser pour des raisons pratiques, éthiques et politiques. D’une part, ces individus ne sont pas systématiquement concentrés dans une région. D’autre part, cette initiative soulève des problématiques discriminatoires non négligeables. 

Les autochtones à l’ONU : une représentation permanente

Les autochtones à l'ONU : une représentation permanente
Source : ocphoto / Shutterstock.com

Les peuples autochtones bénéficient d’une représentation permanente à l’ONU depuis 2002. Cette date correspond à la session inaugurale de l’UNPFII (instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones). Toutefois, la création de ce dispositif est le résultat d’un long processus en amont. Des droits des autochtones ont notamment été discutés dès 1957 pour protéger ces populations. 

L’ECOSOC (Conseil économique et social) de l’ONU a fondé l’instance permanente en 2000. Cette dernière a été mandatée pour traiter des questions autochtones par rapport au développement, à la culture, à l’éducation, etc. Par ailleurs, ses membres partagent leur expérience et donnent des conseils aux Nations Unies concernant les autochtones. 

L’instance permanente a pour mission de contribuer à la prise de conscience des conditions des populations autochtones dans le monde. De plus, elle doit participer à la coordination et à l’intégration des programmes liés à ces groupes. Son travail couvre également la diffusion d’informations relatives aux autochtones. 

L’UNPFII est formée de 16 membres travaillant à titre d’experts indépendants. Leurs mandats durent trois ans renouvelables. Concrètement, les gouvernements nomment 8 membres de l’instance, tandis que les 8 autres sont élus par les organisations régionales autochtones. 

L’ECOSOC intervient comme représentant des gouvernements pour nommer les 8 membres désignés. Le Conseil doit par ailleurs les sélectionner parmi 5 groupes régionaux (Afrique, Asie, Europe de l’Est, Amérique latine et Caraïbes, Europe de l’Ouest et autres États). 

Enfin, les membres élus par les organisations autochtones doivent être représentatifs de 7 régions socioculturelles prédéfinies par l’ONU. Le principal objectif de cette initiative est d’identifier et de protéger ces populations éparpillées dans le monde. 

Les peuples autochtones français non reconnus

Les peuples autochtones français non reconnus
Source : ChameleonsEye / shutterstock.com

Les sujets relatifs aux peuples autochtones sont particulièrement sensibles en France. Ils renvoient en effet à des problématiques impliquant des contradictions et remettant en question la constitution elle-même. De ce fait, l’État se retrouve dans une situation délicate sur ces thématiques. 

Actuellement, la France compte divers groupes autochtones sur ses territoires d’outre-mer. La Polynésie française abrite notamment les Maohi. Les Kanaks vivent, quant à eux, en Nouvelle-Calédonie. Enfin, la Guyane française recense plusieurs peuples distincts, dont les Ka’lina, les Lokono, les Pahikweneh, les Teko, les Wayana et les Wayampi

Toutefois, ces données sont assez approximatives, car aucune étude officielle n’est disponible sur ces groupes (recensement, zones d’implantation, etc.). En effet, les statistiques basées sur l’ethnicité sont interdites sur tout le territoire français. Néanmoins, certaines organisations ont avancé des estimations au fil des années. La Guyane, par exemple, compterait environ 9 000 autochtones. 

Sur ces sujets, la plus grande difficulté du gouvernement vient du premier article de la Constitution. Ce texte prône l’unicité du « peuple français », l’égalité des citoyens et l’indivisibilité de la République. Ainsi, l’État ne peut pas reconnaître l’existence d’autres groupes au sein de ce peuple supposé être unique. 

Par conséquent, la France évite tout engagement international accordant des droits collectifs aux autochtones. Une décision contraire risquerait de menacer l’intégrité de l’État en contredisant la Constitution. En 2016, une note allant dans ce sens a d’ailleurs été émise par le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Il s’agit ainsi d’une impasse d’origine constitutionnelle.

Photo de couverture @embracethewanderlust via twenty20.com

Source article : https://www.un.org/development/desa/indigenous-peoples-fr/